Orchia d’Orio, la pianiste qui vient de nulle part

Un frisson romantique qui évoque d’autres siècles.

L’attaque est précise, le phrasé prodigieux, l’émotion contenue mais à fleur de peau. Que le mélomane qui ne connaît pas encore Orchia d’Orio vienne s’asseoir près de son piano noir et il se passera forcément quelque chose d’irrépressible.

Oiseau rare, la pianiste lomagnaise offre le dimanche 20 novembre un concert exceptionnel dans l’antre feutré de la chapelle du château de Pompignan (82). Le public pourra alors découvrir une œuvre comme il n’en existe plus au XXIe siècle, tant on se demande même si cette musique-là était encore créée au siècle précédent…

Avant d’être une interprète hors pair -on l’attend déjà dans la Grande Polonaise Brillante de Chopin qui clôturera son concert-, Orchia d’Orio est une créatrice née. Elle dit d’ailleurs «être née le jour où j’ai touché mon premier piano, à 8 ans et 1 jour exactement».

«je veux faire de la musique»

Elle évoque d’entrée un parcours chaotique qui, globalement, ne la quittera plus, jusqu’à sa rédemption il y a seulement trois ans. Entre-temps, trois bonnes décennies où l’artiste va s’accomplir seule ou presque, en tout cas loin des progressions classiquement reconnues aux plus grands virtuoses.

Car Orchia d’Orio en est une, qui, pour illustrer la césure d’avec ses contemporains, a, dès son enfance, évolué dans un milieu familial hostile à la musique et à sa vocation d’artiste. Un univers qu’elle décrit parfaitement dans le conte autobiographique auquel elle s’est essayée avec bonheur, «Le Piano de la Mer» (Chamades productions).

«Chez moi, il n’y avait pas de piano. Quand j’ai entendu pour la première fois le son d’un piano, en classe de maternelle, j’ai tapé du poing sur la table et j’ai hurlé : Je veux faire de la musique! Après, j’ai eu la chance d’échapper au formatage», confie celle qui, fâchée avec nombre de ses professeurs, ne trouvera son salut qu’une fois rentrée -en autodidacte- au Conservatoire de Toulouse. «Ma rencontre avec la concertiste Simone Perrier a été la chance de ma vie. C’est elle qui m’a enseigné toutes les subtilités de la technique russe au piano.»

Interpréter donc -de préférence les plus grands- mais surtout créer. Le style d’Orchia d’Orio n’est pourtant pas sans rappeler Chopin, Ravel, Debussy ou Scriabine, quand subtilité, profondeur et fluidité de ses partitions touchent indéniablement au cœur.

Ses premières créations, qui remontent à 1995-1996, donnent le ton : sa «Mer», à la puissance sonore et imagée, s’impose comme une œuvre encore majeure aujourd’hui. Jusqu’à la sortie l’an passé de «Chi va piano solo», truffé de perles musicales empreintes de ce «romantisme impressionniste», courant dont l’artiste se revendique.

Xavier Hurtevent – Dépêche du Midi – 13/11/2016 – https://www.ladepeche.fr/article/2016/11/13/2457663-orchia-d-orio-la-pianiste-qui-vient-de-nulle-part.html

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